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Agrobusiness: à quand le dénouement ?

  • Photo du rédacteur: Jean Marck Konan
    Jean Marck Konan
  • 8 mai 2017
  • 3 min de lecture

Décembre 2016- mai 2017, voilà déjà plus de 5 mois que l’Etat a décidé de passer à la vitesse supérieure pour, semble-t-il, mettre fin à l’anarchie et à l’escroquerie des structures d’agrobusiness. Plus de 5 mois qui ont vu des vies passer de l’espoir à la désillusion. Plus de 5 mois d’un langage de sourds qui continue de faire des victimes dans les rangs des souscripteurs.


Un langage de sourds… et un rapport de force

Ce langage de sourds aux allures de bras de fer a vu l’Etat sortir de ses gonds à l’occasion de la fête du travail. Pas question de négocier, de céder le moindre terrain de conciliation à ceux qu’on s’est juré de traquer jusqu’au dernier centime. Pour lui, l’agrobusiness est une escroquerie. Point final. Et face à ceux qu’on qualifie d’escrocs, il faut sans doute un plus fort, l’Etat, capable de s’autosaisir et de se positionner en protecteur des droits des plus faibles. Mais voilà que plus de 5 mois après, le zèle affiché par les autorités en vue de rembourser les souscripteurs en février, puis reporté en mars, semble se heurter à un plus fort : le droit et ses règles en la matière sans lesquelles aucun remboursement ne se ferait même à long terme. Il y va de la crédibilité des banques, apprend-on. L’Etat se serait-il cru trop fort pour se faire le pompier d’un incendie dont aucune étincelle n’était jusque-là visible ?


Une équation à plusieurs inconnues

La crise de l’agrobusiness en Côte d’Ivoire reste une équation à de nombreuses inconnues. D’un côté, nous avons les structures d’agrobusiness qui peinent à présenter les articulations claires de leur business et qui ont été spoliées de leurs droits à tort ou à raison. Et qui face à la souffrance des populations, à l’arrestation des leur et au statu quo proposent des voies de conciliation. D’un autre côté, nous avons l’Etat qui a pris pied dans une affaire qu’elle a jugé de tous les noms : escroquerie, appel à l’épargne de manière illégale… et qui unilatéralement au mépris des plaintes des souscripteurs a choisi la voie la plus forte à savoir le gel des avoirs et l’autorisation de remboursement des souscripteurs. Une affaire qu’elle a cru pouvoir plier en quelques semaines et qui a fait la une de plusieurs conseils de ministres avant de se voir renvoyer au séquestre… et au silence. Un silence rompu le 1er mai mais qui laisse présager que ce long feuilleton est encore loin de connaître son apothéose.


Les grands perdants : les souscripteurs

Ils sont les grands perdants. Leur crime est d’avoir investi à l’aveuglette dans un projet qui marchait pourtant bien. Ils sont les victimes que l’Etat dit protéger mais qui continuent à souffrir et à se mourir. Leur misère quotidienne est connue. Certains s’étant endettés. D’autres ayant investi toute leur vie, tout leur avenir. Ils sont les otages d’un rapport de force qu’ils n’ont pas vu venir. Leur cas devrait interpeller, amener les uns et les autres à descendre de leurs égos.


Ils auront tout fait pour montrer à l’Etat qu’il n’était pas le bienvenu dans leur contrat à deux : marches, sit-in… mais sans être suffisamment représentatifs pour faire fléchir la volonté de l’Etat. Pris par la peur de perdre tout leur investissement, ils ont, dans la majorité des cas, accepté de renoncer à leur RSI pour recevoir au moins leur capital. Mais là encore, il leur a été opposé la règle des fonds disponibles, ce qui a vu des investissements chuter à plus de 80%. Une véritable descente aux enfers. Les plus chanceux ont cru en finir avec cette histoire en recevant leurs capitaux tels qu’investis mais ils doivent encore vivre d’espoir hypothétique en attendant peut-être qu’un jour l’Etat comprenne que ce bras de fer engagé sans aucune volonté de négociation, qu’il soit pour leur bien ou pour des raisons inavouées, n’a fait qu’agrandir le fossé de pauvreté dans lequel ils vivaient jusque-là et que seul un remboursement à la hauteur des investissements leur redonnerait à nouveau le sourire.

 
 
 

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