Peut-il venir de nazareth quelque chose de bon ?
- Jean Marck Konan
- 3 mai 2018
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Celui qui formule cette question est un homme dans le cœur de qui il n’y a aucune fraude, témoigne notre Seigneur quand il le voit. Et pourtant lorsque Philippe, excité de ce qu’il a vu et entendu lui parle de Jésus comme venant de Nazareth, la réponse de Nathanaël est surprenante : Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? Cela a tout l’air d’une question. Mais elle semble de visu marquée de sarcasme. Car Nathanaël, n’est pas ignorant de la situation de la région. Il vient de Cana, une autre ville de Galilée, province dont est aussi issue Nazareth.
Il connait la réalité de Galilée et de ses villes. La Galilée, c’est cette région au Nord de la Palestine. Une région prospère. L’agriculture y est florissante, et sa mer célèbre pour sa pêche. Elle attire tout comme le Décapolis « les dix villes » environnant beaucoup d’étrangers et des nations païennes. Elle compte plusieurs villes ou villages. Kedesh, Cana, Tibériade, Bethsaide, Magdala, Naïn, Capharnaum,… et Nazareth sans oublier d’autres célèbres villes mentionnées par les historiens telles que Séphoris. La Galilée est particulière. Tout au long de l’année, elle reste verdoyante et fertile, beaucoup plus fertile que la région de Jérusalem au centre du pays. A l’époque, la Galilée est sous civilisation gréco-romaine. Et elle est gouvernée par Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand.
Nazareth, elle fait partie de la région sud de la Galilée. Elle est la ville des petits métiers, des charpentiers. Et sans doute des pauvres. De ceux qui n’ont pas su ou pu profiter de toute la prospérité de Galilée, soit par choix, soit pour des conditions géographiques défavorables soit en raison de politiques exclusives. Nazareth, c’est la ville dont on se rit, celle dont on n’est jamais le bienvenu, qu’on ne peut citer en public de peur de se faire railler. Nazareth, c’est l’oubliée de Galilée. Peut-être moins affreuse que Lodebar, mais elle est sans doute la ville dont tout Galiléen a honte. Hérode ne s'en faisait sans doute aucune peine.
A mesure que les années passent, cette image fataliste de Nazareth se transmet de génération en génération. Mais Joseph, lui n’en a pas honte. Nazareth est sa patrie. S’il a séjourné contre son gré en Egypte, retourner en Israël et particulièrement à Nazareth avec son fils et son épouse est un moment unique, retrouver le bercail une sensation incroyable. Il aime Nazareth, de tout son cœur. Et les écritures l’attestent. Il y éduque son fils, l’initie à son métier alors même qu’il pourrait l’amener dans les écoles réputées de la province pour une éducation « meilleure ». Malgré tout ce qui se raconte, tout ce qui se dit, tout le négatif qui habille l’image de sa mère-patrie, il ne peut la quitter. Il ne veut l’abandonner.
Nazareth a des valeurs. Elle n'est certes pas une ville avec un antécédent prophétique- D'ailleurs de tout l'ancien testament, aucune trace de Nazareth. Aucun grand prophète n'y est originaire- Joseph le sait mais sa Nazareth a de grandes valeurs que seul un cœur qui aime peut voir. C’est une ville paisible. Avec de braves gens. Ceux qui travaillent dur pour se nourrir et nourrir leurs familles. Des gens bien éduqués comme Joseph, qui connaissent eux aussi ce qui plait à Dieu. C'est une ville digne. Qui compte encore à cette époque où la débauche a cours des hommes et des femmes de distinction. Des hommes et des femmes qui ont choisi de ne pas souiller leurs vêtements. La vie de Marie en est une parfaite illustration. Elle, la vierge vers qui l'ange Gabriel est commis. La servante humble et soumise qui trouvera grâce d'entre plusieurs aux yeux du Très Haut. Nazareth, c'est aussi une ville forte de ses us et coutumes. Elle n'a rien perdu du respect des lois. La réaction de Joseph au sujet de la grossesse de sa fiancée en dit long.
Jésus le sait. Né dans une étable. Éduqué dans un village pauvre. Son histoire est faite de simplicité et d'humilité. Son éducation à Nazareth fera de ce village autrefois méconnue, une ville réputée. Car pour l’identifier désormais, les juifs diront "Jésus de Nazareth" et quelquefois "Jésus le Galiléen". Il en fera aussi un lieu touristique très épris des visiteurs plus de 2000 ans après sa mort.
A Nathanaël la Bible répondra sans l’écrire : « Mieux que quelque chose, Quelqu'un de bon et de Très Grand est sorti de Nazareth ».
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