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Quand je pense que je vieillis...

  • Photo du rédacteur: Jean Marck Konan
    Jean Marck Konan
  • 3 mai 2017
  • 2 min de lecture

Crédit photo : Africapress.com

Il y a de cela quelques jours, en me regardant dans la glace, j’ai découvert dans la forêt dense de ma chevelure quelques poils de cheveux blancs. Des cheveux irrespectueux qui s’étaient glissés dans un royaume que je pensais acquis aux noirs. J’arrachai aussitôt ceux que je pus, mais quelques-uns réussirent à échapper à ma vigilance. Et cela m’avait intrigué. Moi, si jeune avec des cheveux blancs ? Je me le demandais à moi-même inquiet. 


Comment cela avait-il pu se produire ? Ferais-je bientôt comme maman qui aime à se peindre les cheveux de ‘’yomo’’ ? Ah ah ! J’avoue que j’eus très peur. Car pour la première fois de ma vie, je me rendais compte que je vieillissais. Certes, à ma jeune voix d’enfant avaient succédé un ensemble de signes physiologiques qui auraient dû me donner de comprendre que j’opérais ma mue depuis déjà bien longtemps. Mais là, à avoir des cheveux blancs, c’était bien au-delà de mes pensées.


Je vieillissais, et c’est cela même qui m’effrayait. J’avais maille à partir avec une telle pensée. Vieillir pour moi, c’était la fin d’une ère, celle d’une jeunesse vigoureuse, celle d’une intelligence brillante, celle d’un éclat rayonnant à tout niveau. Vieillir, c’était pour moi le début d’une existence solitaire, d’une prise en charge sempiternelle, le commencement de l’enfer avec le regard des autres, me lorgnant pour mes cheveux prématurément blancs, le prélude à des rides qui allaient en cascade marquer ma face de leurs fers indélébiles… Vieillir pour moi, c’était se préparer à voir mon dos se courber sous le poids de l’âge, ma voix faiblir, mon corps me lâcher et ma vie s’en aller tout doucement au séjour du non-retour… Ah ah ! J’étais vraisemblablement trop jeune pour devoir vieillir. Oui, j’avais trop peu vécu pour faire des adieux à ma vie de jeunesse.


Oui, j’avais peur, me laissant convaincre par le reflet que me rendait la glace, me laissant submerger par mes propres dogmes, oubliant que vieillir c’était aussi l’expérience, la fierté d’avoir bien vécu, et que les cheveux blancs constituaient comme me l’enseigne ma Bible la couronne des sages.


Vieillir m’avait fait peur un instant, juste un instant, le temps d’un rêve qui prit fin vers six heures du matin.


 
 
 

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